Il tousse. Ça renifle. Il se mouche et il éternue. Dans le métro, au bureau, au supermarché, partout. Les plus hypocondriaques d’entre nous auraient presque l’impression de voir les miasmes se propager à l’œil nu, là, sous le ciel gris et les températures bien fraîches de l’automne.
Si nous ne les avions pas manqués, nul doute que les maladies hivernales – qui frappent à l’automne – sont sur le point de signer leur grand retour. Entre les cas de Covid-19, angines et autres rhinopharyngites se joignent aux réjouissances virales. Agitant le spectre d’épidémies majeures cet hiver.
« On a vu la reprise depuis deux semaines »
Les chiffres le montrent déjà : durant la semaine du 19 au 25 septembre, « le taux d’incidence des cas d’infection respiratoire aiguë (IRA) vus en consultation de médecine générale était estimé à 127 cas pour 100 000 habitants, observe le réseau Sentinelles dans sa dernière ARI. bulletin de surveillance, dont le Covid-19, la grippe saisonnière et tous les virus respiratoires. Un taux en hausse par rapport à la semaine précédente (93 cas pour 100 000) ». Et qui a quasiment doublé en deux semaines : la semaine du 5 au 11 septembre, le taux d’incidence était de « 66 cas pour 100 000 habitants », selon le réseau de surveillance sanitaire.
Un constat qui se concrétise dans les pratiques de médecine générale. « On le voit en consultation : il y a une reprise des virus hivernaux depuis deux semaines, confirme le Dr Luc Duquesnel, médecin généraliste et président du syndicat Les Généralistes-CSMF. Au-delà du Covid-19 qui repart, nous avons aussi de nombreux cas de virus respiratoire syncytial (VRS), qui donne le même tableau ORL : nez qui coule, mal de gorge, fièvre, courbatures. Alors oui, ça augmente.
Et les tout-petits ne sont pas non plus épargnés : « C’est le VRS qui donne des rhinopharyngites, des angines et provoque des toux sèches, détaille le médecin généraliste. Les enfants se contaminent avant de contaminer leurs parents.
« La crainte d’une forte épidémie de grippe »
Si le cap épidémique est encore loin d’être franchi, ce qui est normal à cette période de l’année, les chiffres devraient s’emballer dans les prochaines semaines. « En plus des angines et des rhinopharyngites, on peut s’attendre au retour d’épisodes de gastro-entérite dans les prochaines semaines. Mais aussi et surtout grippe saisonnière, en co-circulation avec le Covid-19″, prévient le Dr Duquesnel. Alors que la huitième vague de Covid-19 commence déjà.
Un risque de double épidémie contre lequel le professeur Alain Fischer, ancien vaccin anti-Covid du gouvernement, met également en garde, qui redoute un retour virulent de la grippe. Et un ensemble de données venues de l’autre bout du globe attisent ses craintes : les chiffres de l’épidémie de grippe en Australie, qui sévit au cœur de ce qu’est notre été, et qui correspond à l’hiver austral. Selon le ministère australien de la Santé, le pays vient de connaître sa pire saison grippale depuis au moins cinq ans.
Un scénario qui pourrait se dérouler en France cet hiver. « Si on n’arrive pas à vacciner plus de patients contre la grippe que l’hiver dernier, il y a évidemment la crainte d’une épidémie de grippe », s’inquiète le Dr Duquesnel, alors que la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière doit être lancée le 18 octobre. .
« Un enjeu majeur pour parvenir à un meilleur contrôle des infections respiratoires »
Alors, « il va falloir remobiliser une population qui en a marre des infections et des vaccins », a expliqué le Pr Fischer dans son entretien accordé mercredi au Parisien. Et il y a urgence : « Quand on voit la facilité avec laquelle les gens ont abandonné les gestes barrière alors qu’on est en pleine convalescence du coronavirus, cela peut faire naître des craintes pour les semaines à venir », ajoute le Dr Duquesnel.
« Que ce soit avec le Covid-19, la grippe saisonnière ou d’autres virus saisonniers, il y a un véritable enjeu de santé publique pour mieux contrôler toutes ces infections respiratoires infectieuses, insiste le Dr Benjamin Davido, infectiologue et médecin référent. Crise du Covid-19 à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches. Depuis près de trois ans, les comportements ont changé, mais un assouplissement est régulièrement observé sur les gestes barrières ».
Pourtant, comme le soulignent les médecins depuis le début de la pandémie et même avant : « Le respect des mesures barrières joue un rôle déterminant dans la maîtrise de ces épidémies, souligne le Dr Duquesnel. Souvenez-vous de l’hiver 2020-2021, les mesures barrières étaient strictement respectées par la population et nous n’avions pas eu ces épidémies de maladies hivernales. Pas de grippe, pas de bronchiolite. Peut-être que le port du masque dans les transports serait un bon premier pas pour se protéger davantage. Cela, et vacciner les personnes éligibles.