Le procès s’ouvre devant les assises de la Marne six ans après les faits et à l’issue d’une longue bataille judiciaire. Le policier, qui fait à la justice ce mardi, est accusé d’avoir éborgné un supporter bastiais après un match de Ligue 1 à Reims. A la barre, sans montrer d’émotion particulière, l’accuse confirmé qu’il est encore fonctionnaire de police, avant l’appel des jurés.
« Je me sens très mal, très angoissé », c’est « une épreuve de devoir me replonger et de revivre ce moment », confie à son arrivée le plaignant, Maxime Beux. « Ce que j’ai perdu ce soir-là je ne le retrouverai pas », ajoute-t-il, « satisfait » pourtant que son affaire soit « arrivée jusqu’aux assises ». Il attend une « condamnation pénale de celui qui est responsable ». Les avocats de l’accuse, Nicolas Brazy et Pascal Ammoura, n’ont pas eux-mêmes voulu s’exprimer avant l’ouverture du procès.
Un coup de bâton téléscopique
Jugé pour « violences avec usage ou menace d’une arme suivie de mutilation ou infirmité permanente », le policier, âgé de 50 ans, encourt quinze ans de réclusion criminelle. Il avait tenté de contester son renvoi aux assises, devant la cour d’appel de Reims puis la Cour de cassation. En vain.
Le 13 février 2016, à l’issue du match remporté par le SC Bastia, un groupe de supporters corses rejoint le centre-ville où des émeutes éclatent avec la police. Parmi les Bastiais, Maxime Beux, alors âgé de 22 ans, donne un coup de pied dans la voiture du policier mis en cause. Celui-ci le rattrape et lui envoie, selon lui, un coup de bâton téléscopique pour « le bouchon dans sa course ».
« Exécution d’une commande »
L’accusatrice, alors membre de la BAC (brigade anticriminalité) rémoise, a expliqué que le jeune homme est tombé et s’est cogné la tête avec une bouteille métallique, provoquant une blessure à l’œil. « Abracadabrantesque » selon l’avocat de la victime, Me Benjamin Genuini, qui cite deux expertises médicales selon les séquences « la blessure coïncide avec un coup de matraque téléscopique », qui entraîne la perte fonctionnelle irréversible de l’œil gauche.
Quatre jours après le match, une information judiciaire est ouverte contre X pour violence volontaire. Maxime Beux est entendu comme partie civile. Confronté aux expertises, le policier, originaire de Reims, finit par reconnaître que la blessure à l’œil a été blessée par le coup de matraque, mais dit avoir agi « en exécution d’un ordre ». Chargé de patrouiller en centre-ville, il devait « interpeller les personnes troublant l’ordre public ». Jugement vendredi.