L’Europe a pris sa décision : à partir de 2035, les constructeurs automobiles ne pourront plus commercialiser de nouveaux véhicules équipés de moteurs à combustion interne. Si la possibilité d’utiliser l’e-carburant reste une piste, l’industrie prend plutôt la voie électrique.
Tous les grands groupes automobiles ont déjà annoncé leurs intentions. Petit à petit, les modèles thermiques disparaîtront des nouvelles gammes, jusqu’à atteindre une proposition 100% électrique. C’est le plan A.
Dans les faits, les avancées technologiques rendent cet objectif difficile à atteindre. Celle-ci repose essentiellement sur une grande inconnue : les batteries.
Métaux (très) rares
Comme tous les appareils électroniques, les voitures électriques fonctionnent avec des batteries lithium-ion. La fabrication de ces batteries nécessite l’extraction de métaux rares. Situées dans des régions où la situation géopolitique est complexe, les mines d’extraction sont également décriées par les méthodes utilisées (travail des enfants sous surveillance armée, par exemple). De ce fait, l’extraction de ces métaux devient complexe.
Et c’est sans parler l’épuisement des mines s’accélère depuis l’avènement de la voiture électrique et la prolifération des appareils électroniques. En 2022, il est déjà très difficile d’extraire certains métaux comme le nickel, de plus en plus rare, ou le cobalt.
Et à ce jour, les besoins en batteries de l’industrie automobile restent minimes. Que se passera-t-il en 2035, lorsque tous les constructeurs proposeront exclusivement des véhicules électriques si d’ici là aucune autre technologie de batterie n’est proposée ? Des pénuries ? Le plus probable. Hausse des coûts de fabrication ? Assurément.
La voiture électrique pour tous ? Pas immédiatement
Dès lors, il semble difficile d’imaginer une démocratisation de la voiture électrique pour 2035. Pour toucher le plus grand nombre, la voiture électrique devra être plus abordable. Difficile aujourd’hui de trouver un modèle à moins de 30 000 euros qui réponde aux besoins des utilisateurs. D’ailleurs Tesla a reporté le lancement de son fameux modèle sine die plus abordable.
Cependant, comme nous l’avons vu récemment, les fabricants ont tendance à augmenter les prix. Tesla, encore une fois, symbolise à elle seule cette tendance. Alors que la situation géopolitique est tendue (les mines de nickel exploitées pour la fabrication de batteries de voitures sont principalement situées en Russie), le prix du nickel a explosé, passant de 29 000 dollars la tonne avant-guerre à 100 000 dollars la tonne en mars 2022.
Inévitablement, ce coût est répercuté sur les prix. En 2022, c’est encore le cas puisque la voiture électrique reste un produit réservé à un public de niche, aux finances confortables. Mais d’ici 2035, les coûts risquent encore d’augmenter, tout comme les prix. Difficile alors de toucher les masses.
Innover, innover, innover
Aborder la question de la technologie des batteries doit donc être l’objectif numéro un de l’industrie. Certaines start-up planchent déjà sur quelques pistes, notamment en misant sur le sable ou le sulfure.
Mais pour l’instant, les avancées ne permettent pas de concevoir en masse des batteries capables de remplacer les batteries lithium-ion. Ceux au sulfure, par exemple, sont loin d’afficher les mêmes performances, notamment en termes d’autonomie. Le salut pourrait venir des recherches menées en Corée du Sud sur les batteries li-métal, dont les premiers tests s’avèrent concluants. À moins que le graphène, dont on entend parler depuis des années, ne soit la voie à suivre.
Dans un article publié sur Venturebeat, Charlotte Hamilton, PDG de Conamix, une start-up californienne de batteries, explique qu’en l’état actuel des choses, l’industrie ne pourrait même pas assurer la commercialisation massive de la voiture électrique dans l’État de Californie. Elle conclut :
Si le monde veut espérer atteindre ces objectifs ambitieux, nous devons faire des paris importants et intelligents sur les nouvelles technologies dans les mêmes proportions que nous fixons des délais et faisons des promesses.
Les géants de l’industrie ont apparemment pris les choses en main. Tesla, par exemple, a sorti le chéquier et investi 5 milliards de dollars pour garantir l’approvisionnement en nickel de l’Indonésie. Une solution provisoire en attendant mieux. L’entreprise étudie également des batteries basées sur d’autres technologies et envisage même d’acheter ses propres mines de métaux pour améliorer sa chaîne d’approvisionnement. Enfin, le recyclage des batteries pourrait également être une solution viable (et plus durable) pour l’avenir de la voiture électrique.