Depuis plusieurs mois, l’échevin Michel de Herde (Démocrate fédéraliste indépendant, Défi) est au centre d’une affaire que l’on peut d’ores et déjà qualifier de vilaine, quelle qu’en soit l’issue. Tout a commencé la semaine dernière lorsque cet échevin chargé de l’éducation dans la commune bruxelloise de Schaerbeek a fait l’objet d’une plainte pour sexisme et d’agressions contre sa collègue, l’échevine (Écolo). de l’Égalité des Genres et des Chances, Sihame Haddioui.
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Le 1er juin, le collectif Les Sous-Entendu.es, qui se présente comme une association féministe « cherchant à promouvoir la visibilité des Fxmmes et de leur travail, qu’il soit politique, artistique, social, activiste, écologique et bien d’autres » organisait un rassemblement devant la maison communale – la mairie. Ancienne humoriste, Sihame Haddioui montait sur scène pour inaugurer ce « mouvement fort » de la lutte féministe visant à « libération conditionnelle » face à la « tentative de silence du collège communal » accusé d’avoir refusé de mettre à pied l’accuse. Saluons avant toute a choisi l’indispensable combat de ce collectif pour la visibilisation des fxmmes. Moi, par exemple, je ne savais déjà pas que ça existait, les fxmmes. Mon correcteur orthographique non plus, d’ailleurs. Quelle meilleure preuve de la volonté du patriarcat blanc de taire une réalité qui menace ses privilèges ?
Mais revenons à l’essentiel. Il y a quelques jours, la presse a annoncé qu’une nouvelle plainte visait Michel de Herde, délivrée cette fois d’une ancienne étudiante d’une école de la cité des ânes – c’est le surnom donné à la commune de Schaerbeek – qui l ‘accuser anonymement de tentative de débauche sur mineur et de faits de viol. Des accusations graves, on le voit, qui ont provoqué l’indignation du collectif Les Sous-Entendu.es, exprimées ainsi sur son compte Instagram : « Une plainte ne suffisait pas, et maintenant ? Combien de victimes faut-il pour remettre l’agresseur en doute ? Nos voix sont échauffées. Nous sommes prêtes Et vous, êtes-vous prêts à prendre vos responsabilités ? ». Et dans la foulée ont fleuri dans la commune des affiches qui, placardées sauvagement, réclament le départ de Michel De Herde et proclamant leur soutien à Sihame Haddioui, affiches relayées notamment par Les Sous-Entendu.es
Contre-attaque
Aussi l’échevin et-il à présent a décidé de contre-attaquer en portant plainte à son tour, pour harcèlement. Actuellement en congé de maladie, il indique qu’il n’encore jamais été auditionné par la justice, ce qui donne selon lui » une idée du sérieux du contenu de ces plaintes ». Et son avocat de précision que son client « attend d’ailleurs toujours d’être entendu suite à la première affaire, malgré mes nombreuses relances au procureur du Roi ». Quant au collectif Les Sous-Entendu.es, il nie toute implication dans cette campagne d’affichage, tout disant en souterin ces actions au nom de la nécessité « de se réapproprier l’espace public car la parole est libérée mais l’écoute est encore verrouillee ».
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Alors, Michel De Herde est-il ou non coupable des faits dont on l’accuse ? Il est impossible de répondre à cette question dans l’immédiat, mais c’est justement ce qui semble erroné en admettant celles et ceux qui brandissent ce slogan en revanchard : « AGRESSEUR ON TE VOIT, SURVIVANTE ON TE CROIT ». Une chose est sûre : il faut que l’enquête soit menée, et ce sans atermoiement inutile, mais dans le respect de la présomption d’innocence. Sinon, voilà une libération de la parole qui risque bien – pour reprendre les termes qu’affectionnent ces officines néoféministes – de se faire au prix de l’invisibilisation de la vérité et de la mise sous silence de la justice. Car c’est à l’abri du bruit et de la fureur du monde que l’institution-justice peut approcher autant que possible la vertu du même nom, n’en déplaît aux activistes de tous poils.