Coupe du monde – Kylian Mbappé, leader des Bleus à sa manière

Quand on demande à Didier Deschamps ce qu’il pense de Kylian Mbappé, la réponse n’est pas invariable. Mais pas loin. Dimanche, encore, il a entamé sa riposte avec son fameux « Kylian, c’est Kylian… » On voit bien d’où vient le patron des Bleus et ce qu’il veut dire. Cependant, Kylian n’est plus complètement Kylian. Au moins depuis 2018. Ou même depuis 2021. Car l’attaquant du Paris Saint-Germain a bien grandi et, avec la croissance, a changé aussi.

S’il mène les siens sur le terrain, il ne cantonne pas son influence à son côté gauche et elle ne se quantifie pas uniquement par son nombre de buts marqués, même s’il a déjà une pelle au compteur. Dimanche, alors qu’il s’était imposé un « silenzio stampa » depuis le début de la compétition, il a retrouvé sa voix. Élu joueur du match pour la troisième fois depuis le début de la Coupe du monde, l’attaquant des Bleus avait jusqu’ici refusé de s’exprimer. La FIFA a réprimé. Il a donc promis de payer les amendes. Et a finalement pris la parole en conférence de presse d’après-match.

« Aux journalistes qui sont là, ce n’était rien de personnel, je n’ai rien contre les journalistes. C’est juste que j’ai toujours ce besoin de me concentrer sur la compétition, il s’est justifié. Quand je veux me concentrer sur quelque chose, je dois le faire à 100 %, ne pas gaspiller d’énergie ailleurs. (…) Cette Coupe du monde est une obsession. C’est la compétition de mes rêves, j’ai la chance de la jouer, j’ai construit ma saison sur cette compétition, que ce soit physiquement ou mentalement. »

La nature n’aime pas le vide et, sans le solaire Paul Pogba notamment, les Bleus ont perdu un leader avant de s’envoler pour la Coupe du monde. Kylian Mbappé ne marche pas dans les pas de « la Pioche » car il n’a pas la même personnalité que lui, ni que les autres dirigeants de l’équipe de France. Moins vocal, plus clivant, parfois plus cassant, l’attaquant du Paris Saint-Germain contrebalance néanmoins ses exigences personnelles et pour les autres par une proximité accrue avec ses partenaires. Et ça change pas mal de choses par rapport à l’Euro, où il s’est perdu dans une quête personnelle et, finalement, inassouvi. Au grand malheur de l’équipe de France. Et son.

« Kylian a énormément évolué, abonde Raphaël Varane. Il a commencé très fort très tôt, il continue sur sa lancée et garde la tête sur les épaules. Il sait où il veut aller. » Et avec qui. Les nouveaux venus dans le groupe, qui n’étaient pas au Championnat d’Europe, approuvent en tout cas la méthode. « Sur le terrain, il est exceptionnel et, bien sûr, il fait partie des cadresreconnaît Mattéo Guendouzi sans difficulté. Il assume beaucoup de responsabilités sur le terrain mais à l’extérieur il reste très simple. » Marcus Thuram, lui, n’est pas plus surpris que ça. « La première fois que j’ai vu Kylian, c’était à l’INF Clairefontaine. Il était ‘première année’ alors que j’étais en seconde. Déjà, à l’époque, on savait qu’il avait quelque chose de spécial. Depuis, il n’a cessé de m’étonner. . Mais ce que j’aime chez lui, c’est qu’il n’a pas changé, c’est toujours la même personne qui aime le football. Un plaisir de l’avoir dans l’équipe. »

On le voit toute l’année au PSG, surtout depuis sa prolongation, on l’a aussi vu lors de la révolte de la refonte de l’accord de droit à l’image avec les Bleus qu’il menait, Mbappé a les épaules et aucun problème de pression. Bien au contraire, le gamin de Bondy la cherche et en redemande toujours. Alors si Didier Deschamps assurait avant l’ouverture face à l’Australie que son numéro 10 avait « mûri » mais n’avait pas « plus de responsabilité interne », sa stature grandissante est palpable. Et, de feu follet capable de faire exploser la défense argentine à coups de rafale, il est devenu l’ultime fer de lance des Bleus. Sur le terrain. Et de plus en plus de côté. « Kylian, c’est Kylian », comme dit DD. Oui, mais c’est un peu plus que ça maintenant.