Les gouvernements du Canada et du Québec ont apporté leur soutien jeudi à un appel lancé par la société civile dans le cadre de la conférence de l’ONU sur la biodiversité (COP15) pour une remise en cause du modèle économique qui suppose « l’augmentation de l’extraction et de la consommation de matières non durables ».
Au terme d’une conférence de deux jours sur « les causes sous-jacentes responsables de la perte de biodiversité », plusieurs organisations de la société civile ont lancé jeudi soir « l’Appel de Montréal ». Il plaide pour « la mise en place de changements d’un modèle économique et d’un système de valeurs nuisibles à la nature ».
Le document rappelle que le rythme « sans précédent » de déclin de la nature est actuellement attribuable « à la modification de l’usage des terres et des mers, à l’exploitation directe des organismes vivants, au changement climatique, à la pollution et aux espèces exotiques. envahissant ». Or, toutes ces causes relèvent d’un modèle économique fondé sur une croissance illimitée de l’exploitation des ressources, mais aussi sur la surconsommation qui caractérise nos sociétés, rappellent les organisations réunies au sein du Collectif COP15.
Ils plaident donc pour la fin de « l’augmentation insoutenable de l’extraction et de la consommation de matières » et pour la mise en place des « changements systémiques nécessaires » pour se détourner de ce modèle économique.
« Croissance intelligente »
Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, s’est dit favorable à cet appel de la société civile. « Nous travaillons sur ces transformations systémiques, y compris de nouveaux indicateurs, en plus du PIB, pour mesurer les progrès. Le Conseil du Trésor y travaille », a-t-il ajouté après un panel organisé dans le cadre de la COP15. M. Guilbeault a également soutenu que la « réconciliation » avec les Premières Nations s’inscrivait dans la volonté du gouvernement fédéral de changer de paradigme.
Le ministre de l’Environnement du Québec, Benoit Charette, a également endossé le texte de cet « Appel de Montréal ». « Le concept de décroissance ne résonne pas chez moi quand je regarde les besoins des réseaux de la santé et de l’éducation. Il doit y avoir de la croissance, mais elle doit être intelligente et prendre en compte la biodiversité ou les impacts en termes d’émissions de gaz à effet de serre », a-t-il plaidé dans un échange avec les médias.
M. Charette a cité en exemple la décision du gouvernement Legault de fermer la porte au projet de liquéfaction et d’exportation de gaz naturel de GNL Québec. « En tant que ministre de l’Environnement, j’ai annoncé une bonne nouvelle. Mais pour la communauté qui a reçu cette nouvelle, il fallait leur faire comprendre qu’il y a des impératifs qui guideront nos décisions qui n’auraient pas été pris en compte il y a quelques années. La croissance doit être envisagée, mais pas à n’importe quel prix. »
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a pour sa part affirmé que la Ville voulait «agir sur les causes systémiques de la perte de biodiversité», dont l’extraction des ressources et la «surconsommation». Selon elle, il est important de pouvoir « discuter » ouvertement de ces questions. « Désormais, les décideurs du monde entier doivent protéger nos espaces verts, créer et appliquer de nouveaux modèles économiques. »